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La France et son économie de 1900 à 1945

L’histoire économique vise l’étude dans le temps des faits de production, de consommation et d’échange. La France a connu au siècle dernier une double évolution quantitative et qualitative. En un siècle, la richesse de la France a sextuplé, le pouvoir d’achat quadruplé et les exportations ont été multipliées par 25. Parallèlement, la société a changé, passant de la gestion de la pénurie et d’un monde rural à une société tertiarisée, de loisir et de gestion de l’abondance.

Avant 1914, l’économie est encore essentiellement agricole. La moitié des Français sont des agriculteurs. Les travaux des champs nécessitent une main-d’œuvre abondante au vu de la faible mécanisation. Lors de la première guerre mondiale, ils constituent la majorité des soldats de l’infanterie. Le paysan défend sa terre. La guerre désorganise le monde agricole. Les décès entraînent une baisse de la main d’œuvre. Les combats ont ravagé les champs et les fermes. Les carences sont comblées par l’importation de produits agricoles des colonies, de l’empire britannique ou des Etats-Unis.
Le modèle productif français se transforme. L’organisation scientifique du travail préconisée par l’ingénieur américain Frederik Taylor s’installe dans les usines, installation favorisée par l’état de guerre et les relations favorables entre les syndicats et le ministre socialiste de l’armement Albert Thomas. Cent mille femmes travaillent dans les usines d’armement, auxquelles s’ajoutent les travailleurs immigrés africains.

L’entre deux guerres est une période d’inflation, c’est à dire une hausse des prix, des revenus et de la masse monétaire en circulation. La pénurie des biens et des services entraîne une hausse de la demande et donc des prix. La masse monétaire a été augmentée pour financer la guerre, qui est également financée par des crédits étrangers. L’inflation diminue la valeur de la monnaie. En 1926, un dollar vaut 50 francs. Les importations coûtent plus chères que les exportations.
L’économie de guerre et la reconstruction favorisent la création d’entreprises. L’Etat donne des marchés, verse des primes pour dommage de guerre. La faible valeur de la monnaie facilite l’écoulement des marchandises sur les marchés étrangers. Les entreprises s’agrandissent. Bien que le patronat demeure familial, de nouveaux personnels, ingénieurs, polytechniciens et managers pénètrent le monde industriel. Les entreprises lourdes (charbonnage, acier, chimie, électricité) dominent la production, tandis que s’accroissent les entreprises de biens de consommations courantes, dont la voiture constitue le symbole.
En octobre 1929, la bourse de New York s’effondre et avec elle les prix. Le commerce stagne entraînant une hausse des stocks et une baisse de la production. Le chômage augmente. Sans prendre en compte les femmes et les jeunes, la France compte 850.000 chômeurs en 1936.
Le prix des denrées agricoles baisse de 50 à 90%. Les agriculteurs s’endettent auprès du Crédit Agricole. Certains profitent de la situation pour racheter des terres à bas prix et s’agrandir. L’Etat intervient directement pour garantir les prix.
Elu en 1936, sur un programme de sortie de crise, le Front Populaire tente de relancer l’économie par une politique de reflation. Le gouvernement essaye d’augmenter le pouvoir d’achat pour relancer la demande. La réduction du temps de travail par la semaine de 40 heures et la création de congés payés, donne du temps aux ouvriers pour consommer et force les entreprises à embaucher. Ces décisions sont en partie prises pour satisfaire les deux millions de grévistes. La crise favorise la construction de la classe ouvrière en l’homogénéisant et en lui donnant une identité.
Les colonies sont un acteur incontournable de l’économie française. Elles comptent pour 12% des importations et 20% des exportations. L’empire colonial constitue un débouché lors de la crise, car les marchandises ne se vendent plus sur les marchés étrangers. A cette époque, le port de Marseille est le deuxième port le plus important de France, derrière le Havre, de part son accès à la Méditerranée et au Canal de Suez.

La Seconde Guerre Mondiale est une catastrophe pour l’économie française. Les zones minières et industrielles du Nord et de Lorraine sont rattachées à l’Allemagne. Le mur de l’Atlantique paralyse le commerce maritime. La ligne de démarcation est une frontière hermétique. Les conditions de l’armistice pèsent sur l’économie auxquels s’ajoutent les pillages et le départ des travailleurs français dans le cadre du Service du Travail Obligatoire. Les combats de la bataille de France et de la libération ont ravagé les campagnes et détruit des villes entières. 50.000 usines et autant d’exploitations agricoles sont rasées. Les réseaux de transport (routes, rails, ponts, câble électrique) sont anéantis.
La reconstruction apparaît comme une affaire d’Etat. Le gouvernement réquisitionne les entreprises de charbonnage, première source énergétique, avant de les nationaliser en 1946. L’activité minière est modernisée et redémarre.

Image : usine Citroën dans les années 1930
Source image : hebreux.free.fr

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