Accéder au contenu principal

Meaux : cité épiscopale (Seine et Marne)

La ville de Meaux est située au Nord de la Seine et Marne dans un méandre de la Marne et dans la région fertile de la Brie. Le site est propice à l’installation humaine. La ville est attestée dès l’époque gallo-romaine. La cité, appelée Meldus en latin, se dote de remparts au IIIe siècle, dont une partie est toujours visible de nos jours. Les habitants de Meaux, les Meldois, tire leur nom de l’ancienne appellation de leur ville. Siège de l’évêché, le palais épiscopal constitué de la cathédrale et des divers bâtiments conventuels, en constitue le cœur.


La construction de la cathédrale débute au XIIe siècle sur l’emplacement de l’église mérovingienne. Elle ne s’achève officiellement qu’au XVIe siècle faute de financement, à cause de la guerre de Cent ans et de l’occupation anglaise. Dans les faits, elle ne fut jamais réellement achevée, comme en témoigne la deuxième tour remplacée par un simple clocher recouvert d’ardoises, d’où son nom de « tour noire ». De petite taille, la cathédrale mesure à peine 85 mètres de long pour une hauteur de 45 mètres. En comparaison, Notre Dame de Paris mesure 130 mètres de long pour une hauteur de 69 mètres. Les architectes ont employé la pierre de Varreddes issue d’une carrière à proximité du chantier. Cette pierre reflète la lumière de part sa blancheur. A contrario, elle se salit rapidement.
L’architecture de la cathédrale reflète la longueur du chantier. Trois styles architecturaux s’accolent les uns aux autres. Les croisés de la nef sont de styles roman, reconnaissable par leurs arcs voûtés. Les arcs brisés et les grands vitraux du chœur sont synonymes de style gothique. Enfin, les sculptures en dentelle de pierre de l’entrée sont typiques du gothique flamboyant du XVe siècle.
La cathédrale ne possède plus aucun vitrail d’origine. Ils ont tous été soufflés par l’explosion d’une poudrière durant la guerre de 1870. Il ne reste plus qu’un vitrail original représentant la vie de Saint Etienne.

La cathédrale est le siège de l’évêque, qui possède sa résidence dans un bâtiment à proximité, de l’autre côté d’une vaste cour. Le palais possède une architecture hybride composé d’éléments gothique et classique. Il abrite aujourd’hui un musée.
Dans l’angle de la cour, les chanoines possédaient leur propre résidence. Lors de son séjour à Meaux, Victor Hugo décrit leur bâtiment. Sa construction date du XIIIe siècle. Le sous-sol renferme une cave servant à la conservation des vins et des archives. Le rez-de-chaussée et le premier étage contiennent les pièces à vivre des chanoines. Les combles sont employés comme grenier pour le stockage des grains. Ils sont ainsi protégés de la gourmandise des rats. La présence du grenier à grain démontre la perception d’un impôt en nature par les chanoines. En 1930, une passerelle couverte relie la maison des chanoines à la cathédrale.
Un jardin se situe derrière le palais épiscopal. Sa forme actuelle date du XVIIe siècle. Il est dessiné à la française par André Le Nôtre. Des plantes médicinales et potagères y sont toujours plantées, afin de rappeler son emploi au Moyen Age. Sous le règne de Louis XIII, l’évêque rachète la partie des remparts bordant le parc. Ils sont aménagés en jardin privatif, ce qui suppose que les jardins étaient libre d’accès.

La cité épiscopale renvoie à plusieurs personnages historiques. La cathédrale porte le nom de Saint Etienne, dont la vie est retracée sur le vitrail restant. Dans la Bible, Etienne est un juif converti au christianisme, choisi pour assister les apôtres. Condamné pour blasphème par le Sanhédrin, le tribunal juif, il est traîné hors des murs de Jérusalem et lapidé à mort. Il est considéré comme l’un des premiers martyrs.
L’évêché a été administré par deux évêques de grande renommée. Le premier d’entre eux est Guillaume Briçonnet nommé par François Ier. Il cherche à lutter contre la dépravation des mœurs et le relâchement de la discipline ecclésiastique. Il encourage les prédications pour raviver la foi. Il réunit plusieurs théologiens autour de lui. Ils forment le cénacle de Meaux, véritable foyer de réflexion sur la réforme de l’Eglise. Il s'agit de retourner aux sources du christianisme, vers l'enseignement originel du Christ en répandant le Nouveau Testament en français. Guillaume Briçonnet sera inquiété pour protestantisme, mais sera innocenté.
Le second évêque d’importance est Jacques Bénigne Bossuet, surnommé l’Aigle de Meaux. Ses sermons et ses oraisons ont fait sa renommée. Il reçoit l’évêché en 1681. Résidant à la fois à Versailles et à Meaux, il visite son évêché avec le but d’améliorer son fonctionnement et la prédication réalisée par ses curés. Il défend, à travers ses écrits, un catholicisme gallican contre les protestants et la trop forte intervention de la Papauté dans les affaires du royaume de France. Il meurt à Paris, mais souhaite être enterré à Meaux. Son corps repose dans la crypte sous la cathédrale.

Une petite porte de la nef donnant sur la cour porte le nom de Montgardon, un grand bandit de la région au Moyen Age. Ce dernier, poursuivi par les hommes du guet, cherche à se réfugier dans la cathédrale. L’église constitue un lieu d’asile placé sous la juridiction de l’évêque et non du seigneur. Dans sa précipitation, Montgardon se cogne la tête contre le linteau et s’assomme. Seul l’un de ses pieds touche les pavés de la cathédrale. Les hommes du guet l’arrêtent et le seigneur le condamne à la mort par pendaison. L’évêque et les chanoines contredisent le jugement rendu, car Montgardon ayant réussi un poser un pied dans la cathédrale, aurait dû être jugé par leur tribunal. Le seigneur et l’évêque se retrouvent en procès. Ce fait rappelle les problèmes de juridiction et les luttes de pouvoir entre les laïcs et les clercs.

sources : 
Textes : visite guidée de la cité épiscopale de Meaux, mars 2013
Image : photo de Benjamin Sacchelli

Commentaires

Les articles les plus consultés

Lilith, la première femme de la Bible et d'Adam

Avez-vous d é j à lu la Bible? En entier? Peu l'ont fait! Au moins la Gen è se alors! La Gen è se? Mais si, le d é but, l'intro' ! Lorsque Dieu cr é e le ciel, la terre, les ê tres vivants et enfin l'homme Adam! Enfin, Adam et È ve... Vous connaissez cette histoire et souvent peu le reste. Lorsque je discute de la Bible avec des amis ou des é l è ves - pas toujours ignorants du fait religieux - je remarque souvent un ab î me d'ignorance de l'histoire biblique comme si on passait directement d'Adam à J é sus. Ah si: les gens connaissent aussi Abraham et Mo ï se. J'ai toujours aim é le d é but des histoires. La Bible ne fait pas exception. Je ne sais pas combien de fois j'ai pu lire et relire la Gen è se. Et puis un jour, un passage m'a turlupin é . Le sixi è me jour, Dieu d é cida de remplir la terre d'animaux, d'oiseaux et de bestioles. Puis, il est é crit: Chapitre 1: 26 Dieu dit : « Faisons l ’ homme à notre image, se

Alexandre le Grand homosexuel ? Le doute Hephaestion

Il est un fait, sur la possible homosexualité d’Alexandre, qu’il faut relever immédiatement. De toute sa vie, aucun acteur privilégié, c’est à dire proche du conquérant – et ils sont nombreux -  n’a jamais affirmé ou constaté de visu le voir pratiquer une relation sexuelle avec un autre homme. Cependant aucun non plus n’affirme qu’il n’en a jamais eue. La seule énigme tourne autour du seul et même homme avec qui il partage très souvent son quotidien: H é phaestion. Savoir si ces deux hommes ont un jour ou l’autre sauté cette fragile frontière qui sépare la grande amitié de l’amour restera pour l’éternité en suspens… du moins pour le moment ! Il faut s’attarder un instant sur l’ami intime d’Alexandre, celui qui lui sera toujours fidèle. H é phaestion naît à Pella, la même année qu’Alexandre. Fils d'Amyntas, un aristocrate macédonien, il reçoit également la même éducation que lui auprès du philosophe Aristote dans son adolescence. Il est un homme fort et beau. Certaines anecdo

Cléopâtre, son tapis et Jules César : Une Histoire d'Amour Épique et Mystérieuse qui a Bouleversé l'Empire Romain

Les amours passionnées entre la célèbre reine égyptienne Cléopâtre et le tout-puissant et charismatique Jules César forment un épisode à la fois mystérieux et envoûtant de l'histoire. Leur relation est digne des ébats charnels des dieux de l'Olympe. Au sein de leur amour naît un enfant légendaire et secret, Césarion, conférant à la reine une place singulière dans l'histoire et une renommée qui fait jaser du sénat romain jusqu'aux recoins les plus sombres de l'empire. Cléopâtre, descendante de Ptolémée Ier, général et compagnon d'Alexandre le Grand, est d'origine grecque, mais elle se distingue par son amour pour son peuple et son désir ardent de faire reconnaître l'Égypte comme la grande civilisation du monde méditerranéen, au même titre que Rome. Polyglotte, elle parle la langue de son peuple, une particularité sans précédent parmi les descendants de la dynastie des Ptolémées, qui règnent sur le trône depuis trois siècles.

Pasteur et la découverte du vaccin contre la rage

En 1879, Louis Pasteur, surnommé par René Dubos le « Franc-tireur de la science », a découvert le principe du vaccin et ceci grâce aux vacances d’été que celui-ci s’est octroyé. Tout grand esprit a besoin de repos. Le choléra des poules fait alors rage, depuis le printemps. Après plusieurs mois d’expériences infructueuses, Pasteur décide de se reposer et part rejoindre sa femme ainsi que toute sa famille dans sa maison de campagne. De retour dans son laboratoire, très détendu après ses congés estivaux, il reprend avec une grande motivation ses recherches, suivant le même procédé que celui établi jusque-là. Il inocule la bactérie du choléra sur des poules. Et il attend : une heure, deux heures. Aucune poule ne meurt. L’aiguille de l’horloge tourne et tourne pendant des heures, tout comme Pasteur dans son laboratoire. Rien ne se passe. Les poules sont toujours aussi pimpantes. Le chimiste de formation, loin d’être novice en matière d’expériences scientifiques, réfléchit : « Mais que

Hitler et Mussolini : quand l’élève dépasse le maître

En 1922, Benito Mussolini à la tête du parti fasciste italien, marche sur Rome et s’empare du pouvoir. Il transforme la démocratie en Etat fasciste. De l’autre côté des Alpes, Adolf Hitler observe ses actions. Mussolini est un modèle à suivre. Hitler organise son parti sur le modèle italien. L’année suivante, il tente lui aussi de marcher sur Berlin, pour s’emparer du pouvoir. C’est un échec. Il doit attendre les élections de 1933, pour accéder à la fonction de chancelier. La première entrevue entre les deux dictateurs se déroule à Rome en 1934. Le principal sujet réside dans la question autrichienne. Mussolini protège l’Autriche, qu’il considère comme une zone tampon face à l’Allemagne. Le meurtre du chancelier Dollfuss le 25 juillet 1934 par des sympathisants nazis est très mal vu par Rome. Mussolini envoie des troupes à la frontière, empêchant ainsi les nazis de prendre le pouvoir. Le Duce impose de par sa prestance. Vêtu de son bel uniforme, il apparaît comme l’homme fort au côté d

Aux origines de la galette bretonne

Chandeleur oblige, les crêpes sont de la partie ; et en Bretagne, qui dit crêpe, dit galette. L’histoire de la galette est étroitement associée à celle du blé noir, son principal ingrédient. C’est le parcours historique de cette céréale que nous allons retracer ici. Suivons à présent pas à pas la recette. Afin de réussir une bonne galette bretonne, accompagnons les croisés en Asie, au XIIe siècle. Après plusieurs milliers de kilomètres parcourus, des champs de fleurs roses s’étendent à perte de vue. Ce n’est pas un mirage, ni de simples fleurs d’ornement : les croisés découvrent le blé noir. Ils en prennent quelques plants, puis regagnent l’Europe avec des mules chargées de la précieuse semence. Mais le retour au Vieux Continent rime avec désillusion pour ces « chevaliers agricoles ». La culture de ce blé est exigeante et sa production reste faible. Néanmoins un espoir renaît du côté des exploitations d’une des régions françaises. Cet endroit est connu pour sa pluie :

Alexandre le Grand et Diogène: une rencontre de géant

Vous connaissez mon amour inconditionnel pour Alexandre le Grand. Aussi, aujourd'hui je vais vous conter un des épisodes qui m'a toujours marqué dans la vie du Macédonien : sa rencontre avec le célèbre philosophe cynique Diogène. De son entrevue, je crois, Alexandre en a retenu une leçon de vie qu'il essaiera, avec plus ou moins de bonheur ou de réussite, de s'appliquer tout au long de sa courte vie : l'humilité. Nous sommes en 335 avant notre ère. Alexandre n'est pas encore Alexandre le Grand et il n'a pas encore vingt-un ans. Pourtant, il est déjà craint par les Grecs... Bientôt par les Perses. En attendant, le jeune roi macédonien vient d'épater tous ceux qui doutaient encore de lui. Voilà quelques mois, son père Philippe mourrait sous les coups de couteaux de Pausanias - amant blessé - et la Grèce soumise décide alors de se révolter sous l'égide du meneur Démosthène et de la cité d'Athènes. Alexandre, fou de rage devant tant de traîtrise,

Hypatie d'Alexandrie, une femme seule face aux chrétiens

Alexandrie, ville de savoir ; ville de délices ; ville de richesses ! Et pourtant parfois, ville décadente et théâtre des pires atrocités faisant ressortir le vice animal, dénué de toute philosophie civilisatrice. En 415 de notre ère, cette Alexandrie, cité révérée et donnée en exemple, va connaître les premiers signes de sa décadence : elle assassine une des plus grandes savantes et philosophes de l’histoire de l'humanité, la belle et intelligente Hypatie. Née vers 370, Hypatie a environ dix ans lorsque l’empereur Théodose proclame la foi chrétienne comme étant la religion officielle de l’empire. Théodose met fin à un millénaire de stabilité religieuse et installe une religion qui tend à la prédominance   et qui, par l’intolérance qu’elle exerce, met l’empire en proie à des révoltes incessantes.  Moins d’un siècle suffira à le faire définitivement chuter ! Les chrétiens avaient été plusieurs fois massacrés – souvent injustement – servant de boucs émissaires quand la situation l’i

Le destructeur du nez du sphinx

Voilà bien longtemps que les hommes de la riche et nourricière terre d’Egypte le contemple. On vient également de loin pour se recueillir devant lui. Le Sphinx, cet être gigantesque que les plus grands hommes révèreront comme un dieu est un porte bonheur ! Né de la volonté du pharaon Khéphren, ce mastodonte taillé dans la roche garde depuis 2500 av. notre ère environ le plateau de Guizèh et ses somptueuses tombes : les pyramides de Khéops, Khéphren et Mykérinos. Le Sphinx parcourt les siècles avec aisance bien qu’il faille régulièrement le déterrer car le sable, inlassablement, vient le recouvrir jusqu’aux épaules. La chrétienté puis l’islam passent et le culte du dieu lion à tête d’homme s’éteint progressivement sans toutefois totalement disparaître. Les musulmans d’Egypte le considèrent tel un génie et l’admirent comme une œuvre d’art défiant la nature et rendant grâce au génie humain voulu par Dieu. Malheureusement, les belles heures théologiques, bien souvent plus intellectuelles