Accéder au contenu principal

Les Jeux d'Olympie

Les Grecs accordent une place prépondérante aux activités physiques. Les fêtes religieuses sont autant d’occasions d’organiser des concours sportifs au sein de la cité. Quatre grandes compétitions panhelléniques sont organisées à Olympie, Delphes, Corinthe et Némée. Comme leur nom l’indique, elles regroupent tous les Grecs. Parmi celles-ci, les Jeux d’Olympie dans le Péloponnèse, sont les plus prestigieuses. Elles sont l’occasion pour ceux qui vivent dans les régions grecques les plus éloignées, telles la Sicile, le Sud de l’Italie, l’Asie mineure ou la Lybie, de renouer des liens avec les autres cités du monde grec. Les Jeux Olympiques se déroulent tous les quatre ans à Olympie, dans le Nord de la Grèce, dans un sanctuaire dédié à Zeus. Les épreuves sportives (athloi en grec qui veut dire exploit) ponctuent les cérémonies religieuses.

Les Jeux se déroulent en quatre parties. Les athlètes concourent par catégorie d’âge : les adultes, les adolescents (de 15 à 17 ans) et les enfants (de 12 à 14 ans). Dans les faits, les limites d’âges sont approximatives. La carrure et la force physique déterminent le plus souvent l’âge de l’athlète. Ils commencent par disputer les épreuves gymniques dans lesquelles ils sont nus. Elles comprennent la course du stade qui couvre la distance d’un stade soit 200m, le double stade (400m) et le dolichos, une longue course de 4.5km. Une course en armes s’ajoute à ces épreuves. A cette occasion, les participants revêtent une armure, des jambières et un casque. Il existe aussi le pentathlon (les cinq épreuves) qui comprend course de stade, lancer de disque, lancer de javelot, saut en longueur et lutte. Les disciplines de combat (boxe, lutte, pancrace) se pratiquent également nu. Le pancrace est particulièrement violent. Il est interdit de crever les yeux, mais tous les autres coups sont autorisés. Les morts ne sont pas rares. Des lutteurs de renommée parviennent à remporter la victoire sans combattre. Viennent ensuite les épreuves hippiques qui comprennent elles-aussi plusieurs catégories selon l’âge et le sexe des montures. Il y a les courses de chars à quatre ou deux chevaux. Il existe aussi une course de chars tirés par des mulets. Toutes ces courses ne sont pas créées en même temps. Les courses de chars sur des chevaux mâles adultes apparaissent au programme des Jeux dès -648, celles des juments adultes en -496 et celles des poulains en -256. La série d’épreuves se clôture par le concours musical de trompette.

Le stade est le seul lieu de compétition encore visible. Datant du –IVe siècle, il mesure 200 mètres de long sur 40 mètres de large. Il s’agit du troisième stade construit. Le terme « stade » est resté pour désigner une mesure et la piste sur laquelle se déroulent les épreuves de course. Un caniveau de pierre avec des petits bassins sert pour l’entretien de la piste. L’hippodrome n’existe plus. Il est pourtant présent sur des plans et des maquettes retrouvés. La tribune des commissaires (hellanodices) se situe dans la partie sud du stade. Un propylon aux colonnes corinthiennes est construit au sanctuaire, qui marque le début du chemin menant au stade.
Deux bâtiments servent pour l’entrainement des athlètes, le gymnase et la palestre (de palè signifiant lutte en grec). Le mot gymnase vient du grec gymnos qui signifie « nu », puisque les athlètes s’exercent nus. Construit au –IIe siècle, il se caractérise par un vaste espace rectangulaire à ciel ouvert bordé de portiques de style dorique longs de 210 mètres. Il sert pour l’entrainement à la course. La palestre est construite autour d’une cour centrale recouverte de sable fin. Le complexe comprend des vestiaires, une salle d’entrainement et une salle dans laquelle les lutteurs s’enduisent le corps d’huile. La palestre d’Olympie date du -IIIe siècle. De forme carrée, elle mesure 66 mètres de long.
Les athlètes et leur famille logent dans des campements temporaires installés tout autour du site. Les fouilles ont cependant révélé deux structures en bâti pouvant servir de logement. Le géographe Pausanias (Périégèse V, 15) mentionne l’existence du Léonidaion. Il s’agit d’un hôtel construit vers -330 au sud de la palestre. Il existe également le Théokoléon, qui abrite les prêtres et les devins.

Les Grecs pensent que les sportifs remportent des victoires grâce à la présence d’un dieu à leur côté, en l’occurrence dans le cas d’Olympie Zeus. Ils reçoivent une couronne végétale, symbole de leur élection divine. Les matériaux choisis varient en fonction de la flore locale et de la divinité honorée. A Olympie, elles sont en olivier ou en chêne. Son caractère périssable rappelle au sportif victorieux que son statut n’est pas définitif. Il devra travailler dur pour le conserver. Contrairement à ce qu’il peut se faire dans d’autres Jeux, aucun bien matériel n’est remis aux vainqueurs. Le prestige de remporter les Jeux d’Olympie se suffit à lui-même.
Après la remise des prix, les couronnés effectuent un tour d’honneur du stade pour saluer et recevoir les acclamations de la foule. Les admirateurs jettent des bandelettes de tissu à leurs favoris. Ces derniers les nouent autour de leurs bras ou de leurs cuisses. Ce geste signifie que ces athlètes sont choisis par les dieux et qu’ils leur sont consacrés. En effet, il est coutume de nouer des bandelettes aux pattes des animaux sacrifiés. De plus, le vainqueur de la course du stade reçoit l’honneur de donner son nom à l’olympiade.
De retour dans leur cité, les vainqueurs se voient octroyer par les autorités publiques des avantages matériels de diverses natures. En règle générale, ils reçoivent une somme d’argent, dont le montant varie en fonction du prestige des Jeux, ceux d’Olympie rapportant le plus. En plus, ils peuvent se voir octroyer une place au premier rang au théâtre, le droit de manger avec les magistrats de la cité. Une victoire aux Jeux est donc bien plus qu’une victoire sportive, c’est aussi un moyen de promotion sociale dans la cité. Les vainqueurs s’enrichissent et obtiennent une reconnaissance publique et politique.
Pour commémorer le souvenir de leur victoire, les athlètes recourent aux services des poètes et des sculpteurs. Les poètes rédigent des odes et des chants qu’ils récitent en public ou en privé de manière régulière et surtout à la date anniversaire de l’exploit. Les sculptures représentent les athlètes au moment où la couronne est posée sur leur tête ou lors du tour d’honneur. Un exemplaire est érigé dans le sanctuaire en offrande à la divinité. La personne se rendant au sanctuaire pouvait se remémorer les exploits de l’athlète.             
Sources
Texte :
- Gwenola COGAN, « Les Concours d’Olympie », in « Le Sanctuaire d’Olympie », Revue d’histoire antique et médiévale, n°40, octobre 2014, pp50-55
- Sophie MONTEL, « Les installations sportives », in « Le Sanctuaire d’Olympie », Revue d’histoire antique et médiévale, n°40, octobre 2014, pp46-49.
Image : http://histoirencours.fr

http://laurent.fillion.pagesperso-orange.fr



Légende
1) Temple de Zeus                              5) Palestre
2) Théokoléon                                    6) Stade
3) Léonidaion                                     7) Hippodrome
4) Gymnase                          

Commentaires

Les articles les plus consultés

Lilith, la première femme de la Bible et d'Adam

Avez-vous d é j à lu la Bible? En entier? Peu l'ont fait! Au moins la Gen è se alors! La Gen è se? Mais si, le d é but, l'intro' ! Lorsque Dieu cr é e le ciel, la terre, les ê tres vivants et enfin l'homme Adam! Enfin, Adam et È ve... Vous connaissez cette histoire et souvent peu le reste. Lorsque je discute de la Bible avec des amis ou des é l è ves - pas toujours ignorants du fait religieux - je remarque souvent un ab î me d'ignorance de l'histoire biblique comme si on passait directement d'Adam à J é sus. Ah si: les gens connaissent aussi Abraham et Mo ï se. J'ai toujours aim é le d é but des histoires. La Bible ne fait pas exception. Je ne sais pas combien de fois j'ai pu lire et relire la Gen è se. Et puis un jour, un passage m'a turlupin é . Le sixi è me jour, Dieu d é cida de remplir la terre d'animaux, d'oiseaux et de bestioles. Puis, il est é crit: Chapitre 1: 26 Dieu dit : « Faisons l ’ homme à notre image, se

Alexandre le Grand homosexuel ? Le doute Hephaestion

Il est un fait, sur la possible homosexualité d’Alexandre, qu’il faut relever immédiatement. De toute sa vie, aucun acteur privilégié, c’est à dire proche du conquérant – et ils sont nombreux -  n’a jamais affirmé ou constaté de visu le voir pratiquer une relation sexuelle avec un autre homme. Cependant aucun non plus n’affirme qu’il n’en a jamais eue. La seule énigme tourne autour du seul et même homme avec qui il partage très souvent son quotidien: H é phaestion. Savoir si ces deux hommes ont un jour ou l’autre sauté cette fragile frontière qui sépare la grande amitié de l’amour restera pour l’éternité en suspens… du moins pour le moment ! Il faut s’attarder un instant sur l’ami intime d’Alexandre, celui qui lui sera toujours fidèle. H é phaestion naît à Pella, la même année qu’Alexandre. Fils d'Amyntas, un aristocrate macédonien, il reçoit également la même éducation que lui auprès du philosophe Aristote dans son adolescence. Il est un homme fort et beau. Certaines anecdo

Cléopâtre, son tapis et Jules César : Une Histoire d'Amour Épique et Mystérieuse qui a Bouleversé l'Empire Romain

Les amours passionnées entre la célèbre reine égyptienne Cléopâtre et le tout-puissant et charismatique Jules César forment un épisode à la fois mystérieux et envoûtant de l'histoire. Leur relation est digne des ébats charnels des dieux de l'Olympe. Au sein de leur amour naît un enfant légendaire et secret, Césarion, conférant à la reine une place singulière dans l'histoire et une renommée qui fait jaser du sénat romain jusqu'aux recoins les plus sombres de l'empire. Cléopâtre, descendante de Ptolémée Ier, général et compagnon d'Alexandre le Grand, est d'origine grecque, mais elle se distingue par son amour pour son peuple et son désir ardent de faire reconnaître l'Égypte comme la grande civilisation du monde méditerranéen, au même titre que Rome. Polyglotte, elle parle la langue de son peuple, une particularité sans précédent parmi les descendants de la dynastie des Ptolémées, qui règnent sur le trône depuis trois siècles.

Pasteur et la découverte du vaccin contre la rage

En 1879, Louis Pasteur, surnommé par René Dubos le « Franc-tireur de la science », a découvert le principe du vaccin et ceci grâce aux vacances d’été que celui-ci s’est octroyé. Tout grand esprit a besoin de repos. Le choléra des poules fait alors rage, depuis le printemps. Après plusieurs mois d’expériences infructueuses, Pasteur décide de se reposer et part rejoindre sa femme ainsi que toute sa famille dans sa maison de campagne. De retour dans son laboratoire, très détendu après ses congés estivaux, il reprend avec une grande motivation ses recherches, suivant le même procédé que celui établi jusque-là. Il inocule la bactérie du choléra sur des poules. Et il attend : une heure, deux heures. Aucune poule ne meurt. L’aiguille de l’horloge tourne et tourne pendant des heures, tout comme Pasteur dans son laboratoire. Rien ne se passe. Les poules sont toujours aussi pimpantes. Le chimiste de formation, loin d’être novice en matière d’expériences scientifiques, réfléchit : « Mais que

Hitler et Mussolini : quand l’élève dépasse le maître

En 1922, Benito Mussolini à la tête du parti fasciste italien, marche sur Rome et s’empare du pouvoir. Il transforme la démocratie en Etat fasciste. De l’autre côté des Alpes, Adolf Hitler observe ses actions. Mussolini est un modèle à suivre. Hitler organise son parti sur le modèle italien. L’année suivante, il tente lui aussi de marcher sur Berlin, pour s’emparer du pouvoir. C’est un échec. Il doit attendre les élections de 1933, pour accéder à la fonction de chancelier. La première entrevue entre les deux dictateurs se déroule à Rome en 1934. Le principal sujet réside dans la question autrichienne. Mussolini protège l’Autriche, qu’il considère comme une zone tampon face à l’Allemagne. Le meurtre du chancelier Dollfuss le 25 juillet 1934 par des sympathisants nazis est très mal vu par Rome. Mussolini envoie des troupes à la frontière, empêchant ainsi les nazis de prendre le pouvoir. Le Duce impose de par sa prestance. Vêtu de son bel uniforme, il apparaît comme l’homme fort au côté d

Aux origines de la galette bretonne

Chandeleur oblige, les crêpes sont de la partie ; et en Bretagne, qui dit crêpe, dit galette. L’histoire de la galette est étroitement associée à celle du blé noir, son principal ingrédient. C’est le parcours historique de cette céréale que nous allons retracer ici. Suivons à présent pas à pas la recette. Afin de réussir une bonne galette bretonne, accompagnons les croisés en Asie, au XIIe siècle. Après plusieurs milliers de kilomètres parcourus, des champs de fleurs roses s’étendent à perte de vue. Ce n’est pas un mirage, ni de simples fleurs d’ornement : les croisés découvrent le blé noir. Ils en prennent quelques plants, puis regagnent l’Europe avec des mules chargées de la précieuse semence. Mais le retour au Vieux Continent rime avec désillusion pour ces « chevaliers agricoles ». La culture de ce blé est exigeante et sa production reste faible. Néanmoins un espoir renaît du côté des exploitations d’une des régions françaises. Cet endroit est connu pour sa pluie :

Alexandre le Grand et Diogène: une rencontre de géant

Vous connaissez mon amour inconditionnel pour Alexandre le Grand. Aussi, aujourd'hui je vais vous conter un des épisodes qui m'a toujours marqué dans la vie du Macédonien : sa rencontre avec le célèbre philosophe cynique Diogène. De son entrevue, je crois, Alexandre en a retenu une leçon de vie qu'il essaiera, avec plus ou moins de bonheur ou de réussite, de s'appliquer tout au long de sa courte vie : l'humilité. Nous sommes en 335 avant notre ère. Alexandre n'est pas encore Alexandre le Grand et il n'a pas encore vingt-un ans. Pourtant, il est déjà craint par les Grecs... Bientôt par les Perses. En attendant, le jeune roi macédonien vient d'épater tous ceux qui doutaient encore de lui. Voilà quelques mois, son père Philippe mourrait sous les coups de couteaux de Pausanias - amant blessé - et la Grèce soumise décide alors de se révolter sous l'égide du meneur Démosthène et de la cité d'Athènes. Alexandre, fou de rage devant tant de traîtrise,

Hypatie d'Alexandrie, une femme seule face aux chrétiens

Alexandrie, ville de savoir ; ville de délices ; ville de richesses ! Et pourtant parfois, ville décadente et théâtre des pires atrocités faisant ressortir le vice animal, dénué de toute philosophie civilisatrice. En 415 de notre ère, cette Alexandrie, cité révérée et donnée en exemple, va connaître les premiers signes de sa décadence : elle assassine une des plus grandes savantes et philosophes de l’histoire de l'humanité, la belle et intelligente Hypatie. Née vers 370, Hypatie a environ dix ans lorsque l’empereur Théodose proclame la foi chrétienne comme étant la religion officielle de l’empire. Théodose met fin à un millénaire de stabilité religieuse et installe une religion qui tend à la prédominance   et qui, par l’intolérance qu’elle exerce, met l’empire en proie à des révoltes incessantes.  Moins d’un siècle suffira à le faire définitivement chuter ! Les chrétiens avaient été plusieurs fois massacrés – souvent injustement – servant de boucs émissaires quand la situation l’i

Le destructeur du nez du sphinx

Voilà bien longtemps que les hommes de la riche et nourricière terre d’Egypte le contemple. On vient également de loin pour se recueillir devant lui. Le Sphinx, cet être gigantesque que les plus grands hommes révèreront comme un dieu est un porte bonheur ! Né de la volonté du pharaon Khéphren, ce mastodonte taillé dans la roche garde depuis 2500 av. notre ère environ le plateau de Guizèh et ses somptueuses tombes : les pyramides de Khéops, Khéphren et Mykérinos. Le Sphinx parcourt les siècles avec aisance bien qu’il faille régulièrement le déterrer car le sable, inlassablement, vient le recouvrir jusqu’aux épaules. La chrétienté puis l’islam passent et le culte du dieu lion à tête d’homme s’éteint progressivement sans toutefois totalement disparaître. Les musulmans d’Egypte le considèrent tel un génie et l’admirent comme une œuvre d’art défiant la nature et rendant grâce au génie humain voulu par Dieu. Malheureusement, les belles heures théologiques, bien souvent plus intellectuelles